Projets de recherche
Les différents projets de recherche sont dans la continuité des travaux réalisés par la chaire de recherche et gravitent autour de trois des quatre grands axes de la chaire, couvrant les aspects fondamentaux et appliqués de l’aménagement intégré des ressources forestières dans un contexte de forte densité de cerfs:
Axe 1 : Impacts des densités animales élevées sur les écosystèmes forestiers
Projet 1 : Évaluation de la stratégie d’aménagement sur l’île d’Anticosti et caractérisation de l’utilisation du territoire par le cerf de Virginie - Étudiante impliquée : Aimie Baribeau (2e cycle)
L’objectif principal visé par le plan général d’aménagement intégré à l'île d'Anticosti consistait à favoriser la régénération des sapinières afin de créer des mosaïques forestières où les cerfs pourront trouver nourriture et abris après le retrait des clôtures (Beaupré et al. 2004)*. Afin d'atteindre cet objectif, un réseau de blocs de coupes clôturés a été mis en place, à l’intérieur desquels la densité de cerfs de Virginie était réduite par la chasse sportive (ci-après désigné par enclos de gestion).
Les premiers enclos de gestion ont été mis en place au début des travaux de la Chaire Anticosti en 2001. L’espérance de vie des enclos de gestion est estimée à 12-15 ans si bien que deux secteurs clôturés ont été démantelés à la fin de leur vie utile. Qui plus est, huit enclos de gestion ont dû être démantelés après 5 à 10 ans d’opération parce que la régénération de sapins était en deçà des objectifs d’aménagement.
Les objectifs de ce projet sont de:
- Mesurer la composition et la structure des forêts lors du retrait des clôtures ainsi que quelques années après que les cerfs se soient réappropriés les enclos de gestion.
- Déterminer les paramètres biodémographiques du sapin baumier (taux de broutement, croissance et survie) selon la hauteur atteinte lors du retrait des enclos de gestion (Hidding et al. 2012).
- Mettre les résultats obtenus en lien avec l’abondance des cerfs estimée et les facteurs qui influencent leur distribution spatiale comme la distance à la bordure de la forêt ou de l’enclos.
Axe 2 : Sélection de l'habitat et stratégies de quête alimentaire du cerf de Virginie
Projet 2 : Utilisation et sélection de l'habitat des mâles du cerf de Virginie pendant l'automne - Étudiant impliqué : Jean-Michel Jacques (2e cycle)
Tous nos travaux sur le comportement d’approvisionnement et la sélection d’habitat des cerfs de Virginie à l’île d’Anticosti ont porté sur les femelles (Massé et Côté 2009, 2012) et nous n’avons aucune information à ce sujet sur les mâles. Ces derniers sont par contre les plus convoités par la chasse sportive. Nos travaux précédents ont montré que l’automne est une saison cruciale pour l’accumulation de réserves chez le cerf de Virginie (Simard et al. 2014) mais nous ne possédons pas de données sur la sélection de l’habitat et les budgets d’activité des mâles durant cette saison. Les cerfs refont, entre autres, une grande partie de leurs réserves corporelles afin de survivre à l’hiver, durant l’automne (Simard et al. 2014). De plus, il est bien connu par les utilisateurs de la ressource que les cerfs de Virginie de l’île d’Anticosti, particulièrement les mâles, modifient leurs activités au milieu de l’automne (octobre) et deviennent alors très difficiles à observer. Ces changements d’activité rendent la chasse très difficile et entraîne même la fermeture de certaines pourvoiries durant le mois d’octobre.
L' objectif de ce projet est de déterminer comment l’utilisation et la sélection de l’habitat ainsi que les mouvements des mâles du cerf de Virginie varient au cours du temps de la fin de l’été à la fin de l’automne sur l’île d'Anticosti en réponse au risque de chasse.
D’un point de vue fondamental, ce projet permettra de mieux comprendre la réponse des animaux face à l’augmentation du risque de prédation par la chasse, particulièrement les tactiques de sélection d’habitat et l’ajustement du budget d’activités. D’un point de vue appliqué, ce projet permettra d’expliquer pourquoi les mâles sont si difficiles à observer par les chasseurs au mois d’octobre et permettra d’orienter l’organisation des activités de chasse des pourvoyeurs.
Axe 3 : Recherche et développement de stratégies sylvicoles adaptées aux fortes populations d'herbivores
Projet 3 : Succès des plantations de sapins baumiers sous de fortes pressions de broutement exercées par le cerf de Virginie sur l'île d'Anticosti - Étudiant impliqué : Baptiste Brault
Nos récents travaux ont permis d’identifier certains facteurs clés liés au succès d’établissement des arbres mis en terre dans les enclos de gestion sur l’île d’ Anticosti. Notamment, nous avons mis en évidence les interactions complexes qui existent entre les travaux de préparation de terrain préalables au reboisement, la nature de la végétation concurrente qui s’installe sur les parterres plantés et la pression de broutement exercée par le cerf (Faure-Lacroix et al. 2013; Brousseau et al. 2017). Nous avons constaté qu’en présence de feuillus intolérants, le cerf a un effet bénéfique sur la croissance du sapin planté en augmentant la quantité de lumière disponible (Brousseau et al. 2017). Cependant, le broutement des flèches terminales des conifères réduit ultimement leur croissance, ce qui retarde le moment où les plants atteindront une taille suffisante pour échapper à cette pression. Contrairement à ce que l’on observe dans d’autres écosystèmes (Wiensczyk et al. 2011), la réduction du couvert végétal autour des arbres cibles ne se traduirait pas par une augmentation de la croissance (Brousseau et al. 2017).
Ainsi, il importe d’identifier des modalités de traitements sylvicoles qui permettent le meilleur compromis entre l’augmentation des ressources au bénéfice des arbres plantés et le maintien d’un environnement qui limite le broutement.
Les principaux objectifs de ce projet sont :
- Déterminer comment la configuration spatiale des peuplements d’arbres voisins et la densité de la végétation au niveau de la plantation influencent l’occurrence et l’intensité de broutement des sapins plantés ainsi que leur croissance à la suite du retrait des enclos de gestion après 12 à 15 ans de protection.
- Documenter les facteurs qui affectent la capacité des plants de sapin à se maintenir à la suite du démantèlement d’enclos de gestion et de leur utilisation comme outil d’aménagement forestier et de restauration de l’habitat.
<Cliquer ici pour en apprendre plus sur le projet et les résultats préliminaires>
